Biographies.


Quelques personnalités du temps.

Portraits et indications biographiques sur des personnes que les Murat ont connus ou croisés.


     

Jacques Eugène Séraphin SPULLER
 La chanson, 15 mai 1880. Source : /www.archive.org
La chanson, 15 mai 1880. Source : /www.archive.org
Journaliste et homme politique
 
Naissance: le 08-12-1835 à Seurre (Côte-d'Or)
Décès: le 23-07-1896 à Sombernon (Côte-d'Or) à l'âge de 61 ans.

Après avoir achevé ses études au lycée de Dijon et avoir passé par la Faculté de droit, Spuller se fit inscrire au barreau de Paris et se lia alors avec Gambetta, dont il devint le collaborateur et l'ami inséparable. Avec lui, en 1870, il quitta Paris en ballon pour travailler à organiser la défense nationale en province ; avec lui il fonda, en 1871, le journal la République française, auquel il donna des articles jusqu'en 1893. Paris le nomma député en 1876, et il fut un des plus ardents adversaires des hommes du Seize-Mai ; c'est lui qu'on chargea de rédiger le manifeste des 363. Réélu en 1877 et en 1881, il occupa le poste de sous-secrétaire d'Etat aux affaires étrangères dans le « grand ministère». En 1883, il tint son mandat des électeurs de la Côte-d'Or et devint ministre de l'instruction publique en 1887. Dans le cabinet Tirard, où il eut le portefeuille des affaires étrangères (1889-1890), il prit une part active à la lutte contre le boulangisme. Le 24 avril 1892, le département de la Côte-d'Or l'envoya au Sénat, et, peu après, il accepta le portefeuille de l'instruction publique dans le cabinet Casimir-Perier. A l'instruction publique étaient alors rattachés les cultes. C'est comme ministre des cultes qu'il eut à répondre à une interpellation de M. Denys Cochin à propos d'un arrêté du maire de Saint-Denis, qui avait interdit les processions sur la voie publique et l'exhibition des emblèmes religieux aux enterrements. Sur la question de fait, Spuller dit que la première partie de l'arrêté du maire était légale, que la seconde était illégale et, à ce titre, avait été annulée par le Conseil d'Etat. Puis il prit occasion de cet incident pour soutenir que la politique religieuse devait être inspirée par un « esprit nouveau », que les rapports de l'Eglise et de l'Etat devaient désormais être réglés par une politique non d'abandon ni de recul, mais de large tolérance (séance de la Chambre du 3 mars 1894). Les évènements ne devaient pas tarder à montrer que Spuller se faisait illusion en pensant que ce programme, généreux sans doute, pouvait être appliqué sans péril. Aussi, malgré l'unité de sa vie et la sincérité de ses convictions, cette erreur politique lui fut reprochée comme une infidélité à son passé, et, après la chute du cabinet Casimir-Perier (22 mai 1894), il ne joua plus aucun rôle. Par deux fois Spuller est passé au ministère de l'instruction publique ; à chaque fois il n'y demeura que quelques mois (du 30 mai au 12 décembre 1887 ; du 3 décembre 1893 au 30 mai 1894). Le temps ainsi lui a manqué pour marquer son passage par la préparation ou l'achèvement de quelque réforme importante. Et cependant son souvenir durera peut-être plus que celui de certains ministres à qui les circonstances permirent d'attacher leur nom à telle ou telle grande mesure. M. Liard a dit de Spuller : « Quand il devint notre chef, nous l'attendions ». Il est très vrai en effet que, dans le personnel politique des vingt-cinq premières années du régime républicain, Spuller se trouvait entre les plus désignés pour diriger l'éducation nationale. En 1879, rapporteur du projet de loi relatif à la liberté de l'enseignement supérieur, il avait aidé puissamment Jules Ferry à faire reconquérir par l'Etat le terrain qu'il avait perdu par la loi du 12 juillet 1875. En toute occasion, il avait montré que les questions d'enseignement et d'éducation avaient pour lui un attrait parti culier, et ses Conférences populaires attestent qu'il les avait étudiées et qu'il les connaissait bien. Il a dit de lui-même: « J'ai été longtemps journaliste, je le suis encore, et vraisemblablement je resterai journaliste jusqu'à la fin de ma vie. J'ai été autrefois, au temps de nos luttes, un militant tout comme un autre, cependant je crois avoir été surtout un enseignant et, tout compte fait, j'aime mieux ce second rôle que le premier. » Nul plus que lui ne fut convaincu que, selon le mot de Proudhon, démocratie c'est démopédie, et de tout temps il professa cette opinion que l'instruction publique « est, dans les nations modernes, le premier et le plus important de tous les services de l'Etat ». Aussi, le ministère de l'instruction publique, « pour lui, ce n'était pas seulement un cabinet d'où l'on gouverne un corps de fonctionnaires. C'était une chaire, une chaire unique, la plus haute de tout l'enseignement national, d'où la parole porte par toute la France, à travers les facultés, les collèges et les écoles ». Et, comme l'occasion lui en était offerte, « dans cette chaire il s'installa et il enseigna». C'est cet enseignement (discours, allocutions, circulaires) qui forme la matière des deux volumes qu'il a publiés sous ce titre : Au Ministère de l'instruction publique. Ces pages, où se sent partout une pensée probe, une prudhomie généreuse, un optimisme viril, méritaient vraiment d'être recueillies. Ceux qui ont approché Spuller savent combien il y avait de bonté et de tendresse délicate sous son enveloppe un peu épaisse. Mais, en même temps, quand il s'agissait de défendre ce qu'il croyait un intérêt supérieur, il était capable d'autorité et d'énergie. Il le fit voir quand, pour la première fois, il fut question des syndicats d'instituteurs. Un congrès, tenu à Paris en 1887, avait décidé qu'une société autonome et amicale des instituteurs serait constituée dans chaque département, et que ces sociétés seraient reliées entre elles et formeraient l'Union nationale des instituteurs de France. En outre, les statuts d'un « Syndicat des instituteurs et institutrices laïques associés pour organiser des congrès d'instituteurs » avaient été" déposés à la préfecture de la Seine le 28 mars 1887. Le premier article de ces statuts était ainsi conçu : « Le Syndicat a pour objet d'étudier les intérêts professionnels des instituteurs au moyen de congrès d'instituteurs, de servir de lien entre les sociétés d'instituteurs, et d'appliquer à l'égard des membres de l'enseignement primaire toutes les dispositions de la loi du 25 mars 1884 sur les syndicats professionnels ». Spuller vit là une tentative d'usurpation sur la puissance publique, une menace de désorganisation d'un grand service d'Etat. Le 20 septembre, il envoya donc une circulaire aux préfets pour leur prescrire de se mettre en travers de ce mouvement. Il se refusait à concevoir qu'on pût permettre aux instituteurs publics laïques « de se donner des chefs en dehors de leurs chefs, des statuts en dehors de l'Université, de prendre des engagements autres que ceux que l'Etat reconnaît » ; il ajoutait : « Ils comprendront aisément que le gouvernement n'hésiterait pas à réprimer cet abus, quelque part et sous quelque nom qu'il se produisît ». Quoi qu'on pense sur ce sujet, il faut du moins savoir gré à Spuller de la netteté de son attitude. Rappelons, en terminant, les paroles qui se lisent à la fin du discours que M. Liard prononça à l'inauguration du monument élevé à la mémoire d'Eugène Spuller au cimetière du Père-Lachaise (12 juin 1901) : « En entrant au ministère de l'instruction publique, il avait pu porter sur lui-même ce témoignage : « Je n'y entre pas comme un étranger qui pénètre pour la première fois dans un atelier où l'on travaille à un ouvrage qui lui est inconnu ». En le quittant, il put dire avec autant de vérité : « J'ai pris ma fonction au sens propre du mot ; j'ai tenu à être le premier instituteur de la nation. » Les écrits d'Eugène Spuller sont : Petite Histoire du second Empire, 1870 ; Figures disparues, 3 vol., 1886-1894 ; Conférences populaires 3 vol., 1879 1892 ; Au Ministère de l'instruction publique, 2 vol., 1885-1895 ; Hommes et choses de la Révolution, 1896. Maurice Pellisson sur www.inrp.fr Eugène Spuller est enterré au cimetière du Père Lachaise.

Références: Wikipedia
fiche biographie qur le site de l'inrp